Djibouti : la révision de l’article 23 ravive les tensions entre majorité et opposition

Publié le 28 octobre 2025 à 04:07

Djibouti : la révision de l’article 23 ravive les tensions entre majorité et opposition

À Djibouti, la récente révision constitutionnelle adoptée par l’Assemblée nationale continue de susciter la controverse. Le nouveau texte modifie les conditions d’éligibilité à la présidence de la République, notamment la limite d’âge, mais aussi la nationalité, la résidence et le casier judiciaire. Pour la majorité, il s’agit d’une modernisation nécessaire ; pour l’opposition, d’un moyen d’exclure certains candidats, dont le chef du MRD, Daher Ahmed Farah.


Des critères plus stricts pour briguer la magistrature suprême

Le texte adopté fixe désormais la limite d’âge pour se présenter à la présidence entre 40 et 85 ans, contre 40 et 75 ans auparavant.
Mais la réforme ne se limite pas à cet ajustement : elle introduit plusieurs conditions supplémentaires que doit remplir tout prétendant au poste de chef de l’État.

Le candidat doit :

  • être de nationalité djiboutienne exclusive,

  • résider de manière permanente à Djibouti pendant au moins cinq ans avant le dépôt de sa candidature,

  • n’avoir jamais été condamné pour crime ou délit grave.

Des critères que la majorité justifie par la volonté de garantir la stabilité institutionnelle et de renforcer la crédibilité de la plus haute fonction de l’État.


Le RPP défend une réforme d’« adaptation aux réalités contemporaines »

le député Abdourahman Awaleh Yacin, président du groupe parlementaire du Rassemblement Populaire pour le Progrès (RPP), défend la réforme.
Selon lui, « l’article 23 recèle d’autres points implicites traduisant la volonté du législateur d’adapter les conditions d’éligibilité aux réalités politiques et sociales contemporaines, tout en maintenant l’esprit de stabilité institutionnelle. »

Pour la majorité, cette révision s’inscrit dans un processus de modernisation de la Constitution et n’a pas pour but d’exclure une quelconque personnalité politique.


L’opposition du MRD crie au verrouillage

Du côté du Mouvement pour le Renouveau Démocratique (MRD), dirigé par Daher Ahmed Farah, la lecture est toute autre.
Pour ses partisans, cette réforme représente un coup dur pour leur président et une entrave à la compétition démocratique.

Selon eux, les nouvelles conditions d’éligibilité ont été délibérément conçues pour bloquer toute éventuelle candidature de leur leader, connu pour ses prises de position critiques envers le régime.
Le MRD estime que ces dispositions « resserrent davantage l’espace politique » et réduisent la diversité démocratique dans le pays.


Entre stabilité et verrouillage politique

Cette révision de l’article 23 met en lumière le fragile équilibre entre la stabilité revendiquée par le pouvoir et le verrouillage dénoncé par l’opposition.
Pour les observateurs, la réforme illustre la volonté des autorités de contrôler le jeu politique, tout en préservant une façade de légitimité constitutionnelle.

À l’approche des prochaines échéances électorales, cette révision continue d’alimenter les débats sur l’avenir démocratique de Djibouti, entre continuité du pouvoir et quête d’ouverture politique.


DNL_NEWS_ Octobre 2025