L’histoire jugera : les parlementaires sur le point d’offrir une nouvelle chance à IOG.

Publié le 6 octobre 2025 à 22:48

Djibouti : le discours du président du Parlement perçu comme un prélude à une réforme constitutionnelle


Djibouti – À l’occasion de l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année 2025, le président de l’Assemblée nationale a prononcé un discours solennel vantant la stabilité institutionnelle et la vitalité démocratique du pays. Mais pour de nombreux observateurs, ce discours, derrière ses apparences protocolaires, marque surtout le coup d’envoi d’un projet politique bien plus ambitieux : préparer l’opinion à une modification de la Constitution, qui permettrait au président Ismaïl Omar Guelleh de briguer un sixième mandat.

 

Mercredi 1er octobre, lors de la séance d’ouverture du Parlement, le président de l’Assemblée nationale a rappelé « l’importance du respect des institutions » et « la continuité démocratique ». Un discours au ton officiel, conforme aux usages, mais dont le contenu n’a échappé à personne. Dans les faits, il est largement interprété comme une introduction à un débat qui s’annonce central dans les prochains mois : celui d’une révision constitutionnelle.

Depuis plus de quarante ans, la Constitution djiboutienne n’a été modifiée qu’à deux reprises – un chiffre particulièrement bas au regard des évolutions qu’a connues le pays et des pratiques observées ailleurs dans le monde, où les textes fondamentaux sont régulièrement révisés pour s’adapter aux contextes politiques, économiques et sociaux. Or, selon plusieurs analystes, ce décalage est aujourd’hui utilisé comme argument pour justifier un changement dont la finalité réelle serait de prolonger le pouvoir en place.

 

« Il s’agit d’un discours préparatoire, un moyen de familiariser l’opinion avec l’idée qu’une réforme est nécessaire », analyse un politologue djiboutien. « En réalité, tout indique que cette réforme viserait avant tout à permettre au président Guelleh de se présenter une nouvelle fois. »

 

Ismaïl Omar Guelleh, à la tête de l’État depuis 1999, a déjà été réélu à cinq reprises. Une modification de la Constitution lui ouvrirait la voie pour un sixième mandat, prolongeant ainsi un règne qui dure depuis plus d’un quart de siècle. Dans la rue comme sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui voient dans le discours parlementaire la première étape d’un processus déjà en marche.

 

« C’est un scénario que tout le monde connaît », confie un militant de la société civile. « Le discours officiel parle de démocratie et de modernisation institutionnelle, mais derrière les mots, l’objectif reste inchangé : garantir la continuité du pouvoir. »

 

Aucune annonce formelle n’a encore été faite par les autorités, mais le ton du débat est désormais donné. Et à Djibouti, rares sont ceux qui doutent que les prochains mois seront marqués par une bataille politique autour de la Constitution et de l’avenir du pays.


DNL.NEWS


Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.