L’Union européenne signe encore deux conventions avec Djibouti, mais les citoyens s’interrogent sur l’impact réel de ces fonds.
Coopération ou dépendance ? Le paradoxe de l’aide européenne
Djibouti, 1er octobre 2025 — C’est une scène devenue familière : signatures officielles, poignées de main et promesses d’un avenir meilleur. Ce mardi, l’Union européenne 🇪🇺 et la République de Djibouti 🇩🇯 ont paraphé deux nouvelles conventions de financement pour un montant total de 7 millions d’euros, dans le cadre du plan d’action annuel 2025.
La cérémonie, présidée par S.E.M. Ilyas Moussa Dawaleh, ministre de l’Économie et des Finances, et S.E. Dr. Denisa Elena Ionete, ambassadrice de l’Union européenne, s’est tenue en présence de Mme Mouna Osman Aden, ministre de la Femme et de la Famille. L’événement s’inscrit dans la longue tradition de coopération entre Djibouti et Bruxelles.
Des promesses récurrentes
Ces fonds sont censés soutenir deux priorités :
- ✅ La lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), un fléau toujours présent malgré des décennies d’initiatives financées par la communauté internationale.
- ✅ Le renforcement des mécanismes de coopération au développement, afin d’appuyer les autorités dans la planification du futur Plan national de développement.
Officiellement, ces actions s’intègrent au Programme indicatif national 2021-2027, doté d’un budget colossal de 82 millions d’euros, censé contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable et à la Vision Djibouti 2035.
Mais derrière les chiffres et les communiqués triomphants, une question s’impose : où vont réellement ces fonds ?
Des résultats difficiles à mesurer
Depuis plus de vingt ans, l’Union européenne injecte des dizaines de millions d’euros dans des programmes similaires. Lutte contre la pauvreté, autonomisation des femmes, modernisation de l’administration… les objectifs ne manquent pas. Pourtant, sur le terrain, les résultats tardent à se faire sentir.
Les mutilations génitales féminines, par exemple, restent largement pratiquées, malgré des campagnes coûteuses. Quant aux mécanismes de planification du développement, ils peinent encore à produire des politiques publiques efficaces et durables.
« On parle toujours de milliards d’aide, mais dans nos villages, rien ne change », confie sous couvert d’anonymat une militante associative. « Les projets s’enchaînent, les rapports s’empilent, mais l’impact réel sur la vie des gens est quasi nul. »
Coopération ou dépendance ?
Au-delà de leur efficacité, ces financements soulèvent une autre question : celle de la dépendance structurelle de Djibouti à l’aide extérieure. Chaque année, de nouveaux projets sont annoncés, mais peu parviennent à renforcer l’autonomie économique ou institutionnelle du pays.
L’Union européenne, de son côté, met en avant sa « solidarité » et son « engagement de long terme ». Mais pour de nombreux observateurs, cette aide, bien qu’indispensable, relève davantage d’un exercice diplomatique que d’un levier réel de transformation.
À l’heure où Djibouti aspire à devenir un hub économique régional d’ici 2035, la question reste entière : ces flux financiers massifs finiront-ils par changer le quotidien des Djiboutiens, ou ne sont-ils qu’une répétition de promesses sans lendemain ?
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