Tensions régionales : l’Iran menace les bases américaines, quel avenir pour Djibouti et le camp Lemonnier ?

Publié le 18 juin 2025 à 01:15

Tensions régionales : l’Iran menace les bases américaines, quel avenir pour Djibouti et le camp Lemonnier ?


Djibouti, carrefour stratégique de l’armée américaine, risque-t-il d’être entraîné malgré lui dans un conflit qui ne le concerne pas directement ?

 

Selon un article publié par le New York Times et relayé par de nombreux médias internationaux, l’Iran serait prêt à frapper des bases militaires américaines au Moyen-Orient si les États-Unis venaient à s’impliquer aux côtés d’Israël dans le conflit régional en cours. Parmi les cibles potentielles évoquées, des bases comme celle du Qatar, du Koweït, de Bahreïn… mais aussi, indirectement, une base critique de la présence militaire américaine en Afrique : le camp Lemonnier à Djibouti.


Camp Lemonnier : un levier militaire à haut risque


Situé à proximité du détroit stratégique de Bab el-Mandeb, à l’entrée de la mer Rouge, le camp Lemonnier constitue le pivot des opérations américaines en Afrique de l’Est et au Moyen-Orient. C’est de là que sont menées des missions de surveillance, de lutte contre le terrorisme et des opérations de drones ciblés, notamment en Somalie et au Yémen.

 

Dans le contexte d’une montée en tension entre l’Iran et les États-Unis, ce camp pourrait être perçu par Téhéran comme une plateforme de projection militaire américaine — donc une cible potentielle, en cas de conflit ouvert.


 

 

Djibouti : neutralité sous pression


Le problème majeur réside ici : Djibouti ne participe pas au conflit, ne soutient ni Israël ni les États-Unis dans leurs actions offensives contre l’Iran. Pourtant, en accueillant sur son sol la plus grande base militaire américaine en Afrique, le pays se retrouve malgré lui exposé aux retombées d’un conflit régional qui le dépasse.

 

Une attaque iranienne, ou celle de ses alliés régionaux, pourrait ne pas faire de distinction entre les bases stratégiques situées dans des zones de guerre actives et celles implantées dans des pays tiers mais jugées comme “complices opérationnels”. Cela placerait Djibouti dans une position diplomatique périlleuse, tiraillée entre ses accords de défense, sa souveraineté nationale et sa volonté de neutralité.


 

 

Entre souveraineté et dépendance


La présence du camp Lemonnier, qui génère d’importants revenus pour l’État djiboutien et joue un rôle dans l’économie locale, soulève une problématique délicate : jusqu’où peut-on “louer” sa souveraineté sans en payer un prix géopolitique ?

 

Avec les menaces explicites de l’Iran de s’en prendre aux intérêts militaires américains en cas d’implication directe des États-Unis dans le conflit israélo-iranien, les risques de représailles indirectes contre Djibouti augmentent, tout comme les inquiétudes d’une partie de la population face à une possible escalade militaire.


une paix précaire sous surveillance

 

Alors que le Moyen-Orient semble se diriger vers une intensification du conflit, les pays comme Djibouti, traditionnellement neutres, pourraient être contraints de redéfinir leur positionnement stratégique. Il devient essentiel que les autorités djiboutiennes réévaluent les risques liés à l’accueil prolongé de forces militaires étrangères sur leur sol, particulièrement dans un contexte aussi instable.

 

Le camp Lemonnier, bastion d’opérations américaines en Afrique, pourrait involontairement devenir un point de friction dans une guerre qui ne dit pas son nom.


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