Djibouti : Une croissance économique durable ou une réalité à relativiser ?
Djibouti, juin 2025 – Lors de la Journée nationale sur la bonne gouvernance des entreprises et établissements publics, le Ministre de l’Économie et des Finances, chargé de l’Industrie, M. Ilyas Moussa Dawaleh, a présenté un bilan économique ambitieux de ces deux dernières décennies. À travers une allocution détaillée, le ministre a affirmé que l’économie djiboutienne a connu une croissance moyenne de 6 % par an sur les 25 dernières années, marquant selon lui une rupture nette avec la période de récession des années 1990.
Un tournant amorcé dès 2001
D’après le discours du ministre, l’année 2001 aurait marqué le début d’un cycle de transformation économique soutenue. Cette dynamique serait principalement portée par le secteur tertiaire, avec une forte contribution des établissements publics et du gouvernement central. Le ministre a également souligné qu’un pays maintenant une croissance à deux chiffres sur une décennie continue pourrait atteindre le statut de pays à revenus intermédiaires, ce qui impliquerait une amélioration significative des indicateurs sociaux, notamment en matière de lutte contre la pauvreté.
Une réalité en décalage avec les indicateurs sociaux ?
Cependant, certains observateurs s’interrogent sur la portée réelle de cette croissance. Si les chiffres macroéconomiques témoignent d’une dynamique positive, les indicateurs sociaux, eux, peinent à suivre le même rythme. La pauvreté reste largement présente, notamment dans les zones périurbaines et rurales, et les inégalités économiques continuent de se creuser.
Plusieurs analystes pointent également un manque de données transparentes et accessibles pour corroborer les chiffres avancés. La dépendance à des secteurs peu diversifiés, le taux de chômage élevé parmi les jeunes et l’accès inégal aux services de base sont régulièrement cités comme des freins à une croissance réellement inclusive.
Une croissance concentrée ou partagée ?
La question centrale reste celle de la distribution des fruits de la croissance. Le dynamisme économique, même réel, bénéficie-t-il à l’ensemble de la population, ou se concentre-t-il dans les mains d’une minorité ? Le rôle prédominant de l’État et des entreprises publiques, tel que souligné par le ministre, pourrait laisser penser que la croissance reste largement administrée, avec des retombées limitées pour le secteur privé ou l’économie informelle.
Le discours de M. Dawaleh met en lumière une ambition claire de transformation économique pour Djibouti. Néanmoins, dans un contexte marqué par des défis sociaux persistants, il convient de mettre ces annonces en perspective. Si les indicateurs économiques sont encourageants, leur impact réel sur la vie quotidienne des Djiboutiens demeure, pour beaucoup, difficilement perceptible.
Le défi pour les autorités sera désormais de démontrer que cette croissance est non seulement durable, mais surtout équitable.
@DNL_NEWS


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