Djibouti, un pion stratégique pris dans l’étau de la dette chinoise Djibouti
29 mai 2025.
Situé à la croisée des grandes routes maritimes et au cœur de la Corne de l’Afrique, le petit État de Djibouti occupe une place stratégique dans la compétition géopolitique internationale. Mais cette position enviée s’accompagne d’un revers inquiétant : une dépendance croissante à l’égard de la Chine, principal bailleur de fonds du pays.
Selon plusieurs analystes et institutions financières, Djibouti figure parmi les États les plus exposés à l’endettement envers Pékin. En 2021 déjà, la Chine détenait environ 60 % de la dette extérieure du pays. Cette tendance ne s’est pas inversée depuis. En 2025, Djibouti fait partie des nations qui doivent honorer des remboursements record à l’égard de leurs créanciers chinois, comme le souligne un récent rapport relayé par Radio France Internationale (RFI).
Des infrastructures aux coûts colossaux.
Depuis plus d’une décennie, Djibouti s’est lancé dans une vaste campagne de modernisation, finançant ports, zones franches, chemins de fer et infrastructures logistiques avec l’aide de prêts chinois. Le port de Doraleh, vital pour le commerce régional, et la ligne ferroviaire Djibouti-Addis-Abeba, essentielle pour l’économie éthiopienne enclavée, en sont des exemples emblématiques. À cela s’ajoute la présence unique de la première base militaire chinoise à l’étranger, installée à Doraleh, témoignage de la profondeur stratégique des liens bilatéraux.
Si ces projets ont transformé le paysage économique du pays, leur financement pèse lourdement sur les finances publiques. En l’absence de retombées économiques immédiates suffisantes, le service de la dette devient de plus en plus contraignant pour l’État djiboutien.
Une souveraineté sous pression
Les experts s’inquiètent d’une perte de marge de manœuvre pour le gouvernement de Djibouti. « Nous assistons à un transfert silencieux de souveraineté économique. Le pays ne dispose plus de la liberté budgétaire nécessaire pour investir ailleurs ou répondre à d’éventuelles crises », explique Ahmed Abdillahi, économiste régional basé à Nairobi.
En cas de défaut de paiement, la crainte est que des actifs stratégiques puissent tomber sous contrôle chinois, comme cela a été observé dans d’autres pays, à l’instar du port de Hambantota au Sri Lanka. Même si Pékin affirme qu’elle n’impose pas de conditions de remboursement sévères, les clauses contractuelles exactes restent opaques.
Un dilemme géopolitique
Coincé entre intérêts occidentaux avec notamment des bases militaires françaises, américaines et japonaises – et engagements croissants vis-à-vis de la Chine, Djibouti incarne le dilemme de nombreux pays en développement. Le pays tente de jouer sur tous les tableaux, mais son poids économique limité le rend vulnérable à toute pression extérieure, surtout dans un contexte mondial de resserrement financier.
Alors que le FMI et d’autres institutions internationales appellent à une restructuration équitable de la dette dans les pays les plus exposés, Djibouti pourrait devenir un cas emblématique dans la gestion de la dette chinoise en Afrique.
Par : DNL NEWS

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