Djibouti – Des Millions pour l’Éducation, Mais Où Sont les Résultats ?

Publié le 8 mai 2025 à 17:01

Djiboutiens News Libre

 

Le 7 mai 2025, la Banque mondiale annonçait un nouveau financement de 11,35 millions de dollars destiné à soutenir le système éducatif djiboutien. Un appui présenté comme stratégique pour renforcer l’accès à l’éducation de base, promouvoir l’apprentissage, et améliorer les conditions d’enseignement, notamment pour les groupes les plus vulnérables. Ce financement s’inscrit dans le cadre du Projet d’élargissement des possibilités d’apprentissage, et vient s’ajouter à une enveloppe qui atteint désormais 41,7 millions de dollars.

L’annonce, publiée sur ReliefWeb, promet un soutien ciblé à l’éducation préscolaire, à l’augmentation des taux de scolarisation, à la qualité de l’enseignement, et à la formation professionnelle. Sont également visés : le renforcement des capacités des enseignants et des cadres éducatifs, ainsi que la mise en place d’outils de gestion pour le ministère de l’Éducation.

Mais derrière cette avalanche de chiffres, une question persiste : quels impacts concrets pour les élèves et enseignants djiboutiens ?

Des annonces répétées, des résultats absents .

Malgré les financements annoncés depuis plusieurs années – dont ceux du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) et de l’IDA – les conditions de scolarisation sur le terrain restent alarmantes. Dans de nombreuses régions, les écoles manquent toujours de bancs, de manuels, de toilettes fonctionnelles, et même d’enseignants qualifiés.

Selon le communiqué du 7 mai, le projet met l’accent sur l’éducation inclusive, en particulier pour les filles, les enfants réfugiés, ceux en milieu rural et ceux ayant des besoins spécifiques. Il prévoit un soutien à la formation des inspecteurs, chefs d’établissement et enseignants, ainsi qu’un accompagnement aux familles. Mais ces promesses font écho à bien d’autres déjà faites, sans changements visibles dans la réalité quotidienne des élèves.

 

L’ombre du COVID-19 et les chiffres de l’échec .

 

La pandémie de COVID-19 est invoquée comme facteur aggravant de la crise éducative, ayant perturbé la scolarité et réduit l’accès équitable à l’enseignement. Pourtant, la majorité des problèmes du système djiboutien – disparités de genre, manque d’infrastructures, faibles taux d’achèvement – étaient présents bien avant la pandémie.

L’annonce officielle reconnaît elle-même l’ampleur des défis :

 

• Seulement 71 % des filles atteignent le cycle primaire (contre 80 % des garçons)

• Dans le secondaire, le taux de passage est de 90 % pour les filles contre 98 % pour les garçons

• À peine 7,6 % des élèves disposent de livres à la maison, un chiffre qui chute à 1,9 % dans les zones reculées Autrement dit, les inégalités persistent, et les investissements ne suffisent pas à corriger les carences structurelles.

 

Une gestion des fonds à revoir.

 

Ce nouveau financement pourrait être une opportunité. Mais encore faut-il qu’il soit géré de façon transparente et équitable. À ce jour, les populations djiboutiennes peinent à percevoir les effets concrets de ces milliards investis. Les résultats tardent à venir, les réformes restent superficielles, et les outils de suivi quasi inexistants.

 

Les partenaires internationaux doivent désormais exiger des mécanismes de redevabilité, et non se contenter de financements conditionnés à des promesses vagues. Car la véritable urgence, ce n’est pas d’ajouter encore plus de millions, mais de comprendre où passent les précédents.

SOURCES: https://reliefweb.int/report/djibouti/la-banque-mondiale-renforce-son-appui-leducation-et-aux-opportunites-dapprentissage-djibouti

@DNL


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