France–Djibouti : un traité militaire revisité sur fond d’enjeux géostratégiques

Publié le 24 avril 2025 à 03:24

Par la rédaction

 

À l’approche d’un vote décisif au Sénat, la France s’apprête à ratifier un nouveau traité militaire avec Djibouti. Un accord révisé qui ne se limite pas à actualiser une coopération en place depuis 2011, mais qui reflète des ambitions géostratégiques renforcées dans une région sous haute tension.

 

Ce texte, porté par une volonté politique affirmée, intervient dans un contexte de rivalités croissantes dans la Corne de l’Afrique et de redéploiement des influences étrangères. La France cherche ainsi à moderniser son partenariat avec Djibouti, un État de petite taille mais de poids stratégique, situé à la jonction de la mer Rouge et du golfe d’Aden. Un enjeu stratégique majeur pour Paris Le nouvel accord met l’accent sur la modernisation des modalités de présence militaire française.

Il s’agit notamment d’adapter les missions des 1 500 soldats actuellement stationnés sur place, tout en renforçant les capacités d’anticipation face aux évolutions de l’environnement sécuritaire régional. L’accent est mis sur la coopération opérationnelle, les échanges de renseignement, mais aussi sur la cybersécurité – désormais considérée comme un pilier central des stratégies de défense. L’ambition est claire : faire de la base française un point d’appui agile et efficace dans un espace où les tensions régionales (notamment au Yémen) et la piraterie maritime persistent.

 

Une réponse indirecte à la présence chinoise Depuis l’ouverture en 2017 d’une base militaire chinoise à Djibouti, la concurrence stratégique s’est intensifiée. Pékin y affirme une influence croissante, que la France semble vouloir contrebalancer sans confrontation ouverte. Le traité n’est pas formulé comme une réaction directe à cette présence, mais les ajustements qu’il prévoit — notamment en matière de logistique et de sécurité numérique — témoignent d’un souci d’adaptation à un nouvel équilibre des puissances.

 

Un partenariat revendiqué comme équilibré Les autorités françaises insistent sur un point : la souveraineté de Djibouti ne serait en rien remise en cause par ce nouvel accord. Le traité est présenté comme le fruit d’un partenariat mutuellement bénéfique, dans une zone où les intérêts se croisent — et parfois s’opposent. Du côté djiboutien, la base française, située près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb, demeure un levier important. Elle contribue à la stabilité régionale et à la sécurité des routes commerciales maritimes essentielles.

 

Un repositionnement plus large de la France Au-delà du cadre bilatéral, ce texte illustre une volonté plus large de repositionnement de la France sur la scène internationale. En accélérant le processus de ratification, Paris entend affirmer sa place dans une zone géopolitique jugée cruciale pour le commerce mondial et la sécurité globale. Ce traité s’inscrit donc à l’intersection des stratégies de défense, des impératifs diplomatiques et des enjeux économiques. Il dessine les contours d’une nouvelle ère de coopération franco-djiboutienne, dans une région où se joue une partie importante de l’équilibre global.a

 

@DNL


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