Djibouti à la présidence du Groupe Afrique à la Banque mondiale : symbole d’influence ou simple vitrine politique ?

Publié le 23 avril 2025 à 04:42

Par la rédaction – Press Journal Indépendant

 

 

Pour l’année 2025/2026, Djibouti présidera le Groupe Afrique à la Banque mondiale. Une annonce qui donne une visibilité importante au pays sur la scène internationale. Mais cette responsabilité, confiée à un ministre issu d’un régime autoritaire, soulève des questions sur les risques de récupération politique et d’instrumentalisation de la fonction.

Une nomination symbolique au cœur des mécanismes internationaux.La Banque mondiale, à travers ses groupes régionaux, permet aux pays membres de coordonner leurs intérêts. Le Groupe Afrique, l’un des plus larges, réunit plusieurs États du continent autour d’un même siège. La présidence tournante de ce groupe, bien que symbolique, est une position d’influence stratégique.

 

 

 

 

En 2025, ce sera au tour de Djibouti de prendre la tête de cette instance. C’est le ministre de l’Économie et des Finances, Ilyas M. Dawaleh, qui assumera ce rôle de coordination, succédant à la ministre ivoirienne Niale Kaba.

Une opportunité diplomatique pour Djibouti… et pour son régime ?

Il ne fait aucun doute que cette présidence est perçue comme un succès diplomatique pour Djibouti. Elle place le pays dans une position de représentation continentale, au sein d’un organe où se discutent les grandes orientations de financement pour l’Afrique.

Mais cette avancée pose également une question centrale : que représente Djibouti aujourd’hui sur le plan de la gouvernance ? Sous la présidence d’Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis plus de deux décennies, le pays est régulièrement critiqué pour l’opacité de ses institutions, les atteintes aux droits fondamentaux et le verrouillage de la vie politique.Dans ce contexte, confier à un haut responsable de ce régime la présidence du Groupe Afrique revient à offrir une tribune internationale sans garanties de redevabilité.

Un risque de détournement d’image et de discours

La Banque mondiale promeut la bonne gouvernance, la lutte contre la pauvreté et la transparence. Il serait donc paradoxal que ces valeurs soient défendues, au nom du continent, par un ministre représentant un pouvoir peu aligné sur ces principes.

L’un des risques majeurs est que cette présidence serve davantage à renforcer l’image extérieure d’un régime autoritaire, qu’à réellement porter les priorités des peuples africains en matière de développement équitable.

Le défi : éviter une présidence de façade. Tout l’enjeu réside dans la manière dont cette présidence sera exercée. Le continent a besoin d’une voix forte, collective, engagée. Non pas d’un porte-parole isolé, motivé par des logiques d’image ou d’intérêts nationaux restreints.Les autres membres du Groupe Afrique, tout comme les observateurs de la société civile, devront être particulièrement vigilants pour que cette fonction reste un outil au service de l’Afrique — et non un simple levier de légitimation politique.

Entre opportunité et méfianceLa présidence de Djibouti à la tête du Groupe Afrique à la Banque mondiale est une chance, à condition qu’elle soit saisie avec responsabilité. Mais dans un contexte de gouvernance contestée, il est légitime de poser la question : à qui profitera vraiment cette visibilité internationale ?

@DNL


Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.